Date
25 juin 2024

Datalliance souffle sa première bougie

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  • Retour sur l’ouverture des données et les opportunités de collaboration public-privé

La directive européenne sur les données ouvertes préconise à tout établissement public producteur de données de les mettre à disposition à tout un chacun dans des formats réutilisables. Un des objectifs est de favoriser leur appropriation pour encourager l’émergence de nouveaux services numériques, participant ainsi au développement économique des pays membres.

En France, dans le domaine géospatial, la mise à disposition des bases de données IGN depuis janvier 2021 a ainsi favorisé l’essor de solutions cartographiques issues de l’innovation du secteur privé. L’ouverture s’est en effet avérée particulièrement bénéfique pour les petits acteurs, tels que les startups et les PMEs, qui n’avaient pas nécessairement les moyens d’y accéder auparavant.

En outre, l’IGN doit satisfaire la demande croissante de l’Etat de disposer de données et produits géolocalisés, essentiels pour soutenir les politiques publiques visant à atténuer et à s’adapter aux impacts du changement climatique et à la perte de biodiversité. Cela inclut le suivi de l’artificialisation des sols et l’aménagement durable du territoire, les gestions agricole et forestière, la prévention des risques naturels et la cohésion des territoires.

Pour y parvenir, la coopération public-privé s’est présentée à l’IGN comme une véritable opportunité. Cette position d’ouverture vers les acteurs économiques s’accélère sous le mandat de Sébastien Soriano, directeur général de l'institut depuis décembre 2020, souhaitant conforter la position de l’établissement en tant que producteur de données cartographiques homogènes sur l’ensemble du territoire par l’animation et l’accompagnement de communautés d’acteurs, qu’ils soient publics ou privés. L’initiative Datalliance en est un parfait exemple.

  • La problématique du passage à l’échelle de l’innovation

D’un côté, les références en termes de guichets de financement privé ne manquent pas (French Tech, BPI France, PIA¹, EIC², etc.). De l’autre, le constat de difficultés dans le passage à l’échelle de l’innovation de startup et PME est sans appel³.

A travers sa stratégie partenariale Datalliance, l’IGN se propose d’identifier les savoir-faire issus de startup et PME en pointe techniquement (croisement de données multi sources, mix technologique, algorithmes d’apprentissage, computer vision, outils de simulation) ayant déjà fait leurs preuves à l’échelle locale, et de les accompagner dans le passage à l’échelle.

D’une manière plus globale, pour l’institut, créer un tel réseau d’acteurs est un moyen de renforcer ses liens avec cet écosystème dynamique et innovant en proposant des collaborations mutuellement bénéfiques répondant à une problématique commune : d’un côté l’IGN doit faire face à ses capacités et moyens limités, de l’autre les petites structures peinent à susciter la confiance des financeurs publics et donc à stabiliser durablement leur modèle économique.

  • Le réseau s’agrandit

Constitué à son lancement, en juin 2023, d’une dizaine⁴ de startups et d’entreprises de la donnée géographique, le réseau poursuit son développement après avoir mené une trentaine d’entretiens techniques. A l’occasion de sa présence sur le Pavillon Numérique de l’Etat lors du salon Vivatech 2024, l’IGN a annoncé deux nouveaux membres, Netcarbon et TerraNIS :

  1. Netcarbon combine des données de divers horizons (OCS GE de l’IGN, images infrarouges thermiques, images à très haute résolution) pour produire un état des lieux du stockage carbone, de la végétation et de l’artificialisation, et proposer des simulations d’impacts de projets de renaturation.
  2. TerraNIS a, quant à elle, été sélectionnée pour ses innovations notamment sur l’agriculture de précision et ses connaissances sur la végétation en ville. Ses solutions géomatiques s’appuient également sur le croisement de données issues de diverses sources.

L’occasion ainsi de réaffirmer l’intérêt de ces synergies public-privé pour le développement, par exemple, de modèles algorithmiques de pointe articulant des données d’origines multiples, le tout au service de la transition écologique.

  • Concrètement, la coopération public-privé au sein de Datalliance

Une première datalliance NamR-IGN pour produire en tout automatique une cartographie des champs de panneaux photovoltaïques au sol sur 40 départements⁵ s’est avérée encourageante en démontrant l'importance de la collaboration entre experts public et privé sur le sujet de la détection automatique d’objets. Pour multiplier ce genre d’initiative, il est nécessaire de sensibiliser davantage les commanditaires publics : pour cela, l’IGN compte sur sa capacité à animer des écosystèmes et à se positionner comme intermédiaire de confiance.

Ainsi, dans le cadre de l’animation de ce réseau d’acteurs, l’institut prévoit d’organiser des « Rencontres Datalliance » qui constitueront des demi-journées d’échange autour d’une thématique. Cet événement doit être l’occasion pour les entreprises du réseau de mieux comprendre les problématiques que visent à résoudre dans la durée les administrations chargées des politiques publiques et les actions déjà engagées. Cela offrira la possibilité aux entreprises invitées d’orienter la feuille de route de leurs solutions selon les besoins exposés. C’est avant tout une opportunité pour les administrations de découvrir des solutions, sans engagement de leur part en matière de potentielle commande, pour apprécier les capacités des technologies en pointe sur certains aspects de leurs problématiques. L’institut adopte donc, grâce à son expertise historique en matière de cartographie du territoire, la position de garant technique entre le monde des politiques publiques et celui de l’entreprenariat.

  • La biomasse, un sujet d’actualité

Les membres du réseau Datalliance concernés par la thématique biomasse se réuniront début octobre autour d’experts publics (IGN et les représentants du GIS Biomasse⁶ : ADEME, INRAE et France Agrimer), ainsi que des porteurs de politiques publiques comme des directions d’administration centrale (ministère de la Transition Ecologique et de la Cohésion des Territoires, ministère de l’Agriculture). Le thème retenu constitue en effet une problématique d’actualité, en lien avec des enjeux variés (forêt, énergie, climat, biodiversité, industrie…) et marquée par la création récente du GIS Biomasse.

¹ Plan d’investissement pour l’avenir
² European Innovation Council
³ Rapport Data et territoires, septembre 2023
⁴ 1Spatial, Geofit, I-Sea, Kayrros, Kermap, LuxCarta, NamR, Preligens, Prométhée, Spacesense
⁵ Un appel d’offre a depuis été lancé pour produire la cartographie à l’échelle nationale.
⁶ Groupement d’intérêt scientifique, plus d’informations ici.